mario campo oeuvres choisies
  1966
   
  j’avais quinze ans
j’écrivais genre rimbaudelaire
des petits poèmes païens
dans le boudoir ma chambre
chez mes vieux avec les enfants
en fumant du hash
l’aiguille sur le démo des Haunted
quand mon père m’a pogné
il m’a sacré dehors
je me suis dit
c’est pour de bon
parti pour crasher
dans le sous-sol
d’une bande de kids de bourgeois
qui trashaient des trois accords
j’apprenais le rhythm
en faisant mon smart
avec ma gratte Miracle-Mart
à $19.95
ils s’appelaient « The Wild Ones »
ma blonde ressemblait
à Brian Jones avec des seins
on faisait des affaires cochonnes
sur le toit du garage du notaire
l’année d’avant Vanier publiait JE
et ses photos dans les petits journaux
me rentraient dans le portrait
j’ai dropé mon secondaire
changé mes barniques studieuses
pour des shades style Byrds
« and waitin’ only for
my bootheels to be wanderin’ »
au mois de novembre
avec un cahier brouillon
j’ai mis deux ou trois t-shirts
une carte des States et le dernier Corso
piqués chez un gros libraire officiel
dans un sac de marché de Steinberg
j’ai vidé mon compte d’épargne scolaire
fait du pouce vers New-York
avec une grande beatnick
de 10 ans mon aînée
j’ai dormi sur le plancher
de ses chums du Bowery
pas loin du Velvet Underground
puis me suis « réveillé »  à savoir
c’est quoi la vraie vie...