mario campo oeuvres choisies
  GLAS D'HIVER
   
  à moins trente au Parc Dante
l’enfer d’acier de granit givré
je tend des collets à mon ombre
pour capturer l’instinct sombre
avec un litre de caribou je reviens
de très loin je me souviens
d’un poète au verbe de fronde
qui gravait le nom de sa blonde
à la chainsaw tard le soir
sur la glace de la patinoire
ah encore s’échauffer le coeur
de cette vile et bâtarde liqueur!
rien de moins que rien
qu’une peau de chagrin
ou celle d’un zombie has-been
marquée au fer rouge de robine
un corbillard parqué devant l’église
le diable et l’aumonier pactisent
un chien tremblant comme une crotte
son maître derrière avec un sac
tranchant sur le seuil de la porte
là où le temps se détraque
en attendant l’exil me dis-je
sur la grande Main gangsterisée
l’espoir des orphelins cokés
s’amoche dans la brise
deux flics semblant de garde
fument dans un panier à salade
trois hommes louches s’approchent
je serre les poings dans mes poches
un truck de bière passe en trombe
fait presque basculer la tombe
on rejoue la comédie divine
au box-office en chapelle sixtine
on se noie dans les flammes
et on calcine dans l’eau
le paradis sur panneau-réclame
du racket de mort mafioso