mario campo oeuvres choisies
  PARADIS À LOUER
   
  dans le vacarme de la nuit
les ombres me veulent la peau et les os
patience croque-vivants
je reviens remettre
la clé des champs
et mon legs de cavale
au troisième sous-sol du C.H.U.M.
où ont trépassé tant d’anciens chums
dans mes errances à tombeau ouvert
la pédale est restée collée au plancher
des vacheries du hasard
planqué dans la mémoire d’un trou
comme on donne pas cher
de ma poésie
je continue à mendier
une part d’infini
dans les allées des limbes
alors chers docteurs et pasteurs
gardez vos prescriptions
et onctions extrêmes
j’ai mes potions chamaniques
lampée de Maudite
souffle de gris-Gitane
quand le cœur m’en dit encore
pour ne pas râler sur mon sort
de force l’hiver
en camisole d’occasion
enfin qu’attendez-vous
d’un pauvre chantre qui survit
sur le bras d’une rémission
chaque mois payer ma rédemption ?