mario campo oeuvres complètes

  DERNIER POÈME
   
 
 

 

... Pour le fou solidaire
D'un cavalier solitaire
De mon auberge à la Grande Ourse

Un appel au loin
À la caravane de tziganes
Qui retourne toujours
Où va la voix...

Devant le lotissement du paradis
Les nuages de l'absence quotidienne
Cachent toujours l'essentiel
Les chamans du verbe
Guérissent encore les maux des autres
En caressant la flamme
Qui les étreint
Comme la vieille dame du Tarot

L'obscur est comme l'ombre
Au dos de la falaise
D'où les échos de l'Antiquité
Entre l'inerte et les clameurs
Décodent la saison hantée
D'avril à octobre

Sur l'île de ta ville
Dans le concret parfois bête
Et sans cesse bétonné
Les itinérants au vert-de-gris
Ont toujours des noms à coucher dehors

Le siècle du futur emprunté
Est toujours dans une mauvaise passe
Quand le peuple ne chiale plus
Que devant le fait accompli de la mort

Et si par hasard
Dans les limbes du zen
En tirant sur le rideau de nos entractes
Tu nous vois radoter
Comme un lexique des abîmes
Ne désespère pas de nous
Pour l'instant
Nous désaliénons la mémoire et la mer
À travers les remous du passé ultérieur
Nous nous accrochons
Aux goémons des nécropoles

Mais bientôt
Comme jadis et désormais
Pour une aube
Nous pendrons les maîtres pourris
À la gueule du jour

Ils ont les armes
Nous avons le nombre
Nous sommes cent, nous sommes mille
Même si nous sommes plus
Souvent qu'autrement seuls
Dans notre refuge volcanique

Tu sais le mépris a déjà eu
Plus que son temps
Et les gènes de sa décadence
S'entre-dévorent in-vitro

Les mains libres
Dans les nights du firmament
Relis tranquillement
La chute de l'empire romain
Et dis-toi que c'est de la petite bière
À côté du capharnaüm prozac
De ceux qui ont osé manipuler
La clairvoyance des poètes

La voix que j'ai à peine et de misère
C'est pour te dire
Que j'ai débarqué des horaires ridés
Des hiboux qui s'entêtent à vivre le jour
Que le coeur des yeux du coyote
Terrifie d'écarlate l'écartèlement
Quand blessure rime avec danger
En sachant qu'il peut survivre
Que si ciel il y a pour l'ange animal
Endormi en chacun de nous
À coups d'ordonnances
Pour un peu plus que le petit pain

Quand chaque matin en tête de liste
Viennent les nourritures et les breuvages spirituels
Pour résister à la lobotomie du spleen
Et à la biopsie de l'âme
Comme un chant que l'on crie
Pour mettre les poings sur les i... diots!